Trucs et astuces pour une chasse au brelan réussie

Chasser le brelan au poker peut être très rentable, mais seulement dans certains cas. Découvrez les meilleures situations pour bien chasser le brelan.
January 1 2017

Qu’est-ce qu’une chasse au brelan (« set-mining »)?

Une chasse au brelan peut être définie comme suit :

« Suivre le pré-flop avec une paire en mains avec l’intention d’obtenir un brelan sur le flop. »

Lors d’une chasse au brelan, nous ne jouons pas notre paire selon sa cote du pot ou sa rentabilité. S’il s’avérait rentable de le faire (comme dans bien des cas), ce ne serait pas adéquat de voir cette situation comme une pure chasse au brelan.

Ainsi, par exemple, nous suivons une main comme TT provenant du BTN (le bouton) contre un CO (le cut-off) ouvert. Nous ne suivons pas simplement sur le flop avec une paire de dix. Dans bien des compositions du flop, nous pourrions nous attendre à ce que TT soit la meilleure main et nous continuerions malgré un jeu agressif de notre adversaire sur le flop.

Si nous imaginons une situation différente où l’UTG (l’under the gun) ouvre et que nous décidons de suivre le BB avec notre paire en mains, nous commencerions à nous rapprocher de ce qu’on appelle une chasse au brelan pure. Dans la majorité des cas, si notre adversaire lance une mise de continuation sur le flop, nous songerions à abandonner notre 22, sauf si nous voulons que notre brelan se pointe. La seule exception à cette règle est si le flop nous présente une suite bilatérale et que nous avons la bonne cote du pot pour continuer.

Suivre au pré-flop avec une paire en mains, c’est tomber quelque part entre deux extrêmes. La valeur qu’on peut en retirer provient surtout de la possibilité d’un brelan sur le flop. Ceci dit, il y a plusieurs situations où notre main pourra toujours être profitable, même si nous n’avons pas notre brelan.

Comment rendre une chasse au brelan profitable

Il est logique de concentrer notre attention sur les chasses au brelan pures, c’est-à-dire lorsque nous ne pouvons gagner que si notre brelan se complète, sans quoi nous perdons. Nous commencerons donc par regarder les pires scénarios, lorsque notre main n’a aucune valeur si nous n’obtenons pas le brelan.

Le premier élément qui nous intéresse est le pourcentage des possibilités d’obtenir un brelan après avoir suivi au pré-flop. Cela nous donnera une idée générale du prix que nous devons payer afin que notre chasse au brelan soit des plus rentables. Comme le flop contient trois cartes, nous pouvons calculer nos chances d’obtention à 11,8 % des fois. En d’autres mots, selon la cote directe du pot, nous devons investir moins de 11,8 % du montant total du pot avant le flop.

Mais est-ce réaliste? Pas le moindre du monde : nous investirons plus un montant comme 45 % du pot en duel et 30 % du pot lors d’une partie à trois. Alors pourquoi est-ce que la chasse au brelan est considérée par plusieurs comme une stratégie profitable?

Tout revient à la cote implicite du pot. Le coût du pré-flop ne justifie pas le fait de suivre avec une paire en mains avec la seule chance d’obtenir notre brelan. Néanmoins, dès que nous prenons en compte les jetons supplémentaires que nous pouvons gagner en obtenant notre brelan, l’effort peut potentiellement devenir rentable. Mais de combien avons-nous besoin pour nous rendre au post-flop afin que notre chasse au brelan soit rentable? Et, peut-être le plus important, comment pouvons-nous même connaître le montant d’argent que nous gagnerons après le flop si nous obtenons notre brelan?

Le calcul du rendement des chasses au brelan

Imaginons d’abord une situation de pré-flop simple et regardons le montant d’argent qui sera nécessaire pour nous rendre à un post-flop moyen afin que notre chasse au brelan soit rentable.

Le SB mise 0,5 bb, le BB mise 1 bb. Les joueurs passent jusqu’au CO, celui-ci ouvre à 3 bb. Notre héros du jour est le BTN qui, une paire en mains, suit avec 3 bb. Le SB passe. Le BB passe aussi.

Le calcul du rendement des chasses au brelan

C’est assez simple jusqu’ici. Nous savons que nous avons 11,8 % des chances d’obtenir la carte qui complètera notre paire, ainsi, selon la cote directe du pot, nous ne devrions pas investir plus de 11,8 % du montant total du pot. (À vrai dire, nous ne nous intéressons pas à la cote du pot pour l’instant, mais seulement à la cote implicite. Nous pouvons cependant utiliser la cote du pot pour nous aider à calculer la cote implicite dont nous avons besoin.)

Donc, si une mise de 3 bb équivaut à 11,8 % du pot, quelle sera la taille totale du pot nécessaire afin de faire en sorte que nous avons bien fait de suivre?

100/11,8 = 8,475
3 bb * 8,475 = 25,42 bb

(En d’autres mots, si la taille du pré-flop était de 25,42 bb et que nous suivions avec 3 bb, nous pourrions essayer de suivre en respectant la cote directe du pot et d’obtenir un brelan. Ceci nous aide à nous représenter combien nous avons besoin pour nous rendre au post-flop, étant donné que le pot du pré-flop actuel est beaucoup plus petit que 25,42 bb.)

La somme totale du pot pré-flop est en fait de 7,5 bb lorsqu’on inclut les montants des blinds, ce qui signifie que nous avons un manque à gagner d’environ 18 bb par rapport à ce dont nous avons besoin. C’est le montant moyen que nous devons faire après le flop afin que notre chasse au brelan soit rentable. Dans ce scénario, ce serait seulement environ 6 fois notre investissement de départ.

Moyenne des gains

Six fois notre investissement peut sembler être un gain suffisant si nous obtenons notre carte. Toutefois, ce montant ne suffit pas à faire en sorte que nous le remporterons si nous obtenons notre carte. Nous devons gagner ce montant de manière constante selon la fréquence moyenne à laquelle nous obtenons notre carte. Sans quoi nous perdrons de l’argent avec nos chasses au brelan. Il y aura plusieurs situations où nous obtiendrons notre brelan sans aucune action. Par conséquent, nous devons aussi ramasser de gros pots où les montants sont supérieurs à 6 fois notre investissement pré-flop pour que l’opération soit généralement rentable.

Nous devons aussi considérer les scénarios suivants :

  • Nous obtenons notre brelan, mais nous perdons face à un brelan plus fort.
  • Nous sommes sur le point de gagner, mais il y en a un qui gâche tout sur le river.
  • Nous croyons que notre brelan n’est peut-être pas assez fort et nous finissons par passer.

En prenant ces trois scénarios en ligne de compte, nous avons donc besoin de la possibilité de faire beaucoup plus que 6 fois notre investissement pré-flop lorsque nous obtiendrons notre carte. Si nous faisons une estimation prudente, nous aurions idéalement besoin de la possibilité de faire près de 20 fois notre investissement de départ, dans le meilleur des cas.

Cette estimation de 20 fois est la source de deux règles d’or du poker souvent évoquées : la règle du 20 pour suivre et la règle du 5-10.

Règle du 20 pour suivre et règle du 5-10

Les deux règles suivantes sont souvent évoquées par les joueurs de poker. Il est bon de bien les connaître, ne serait-ce que pour entamer une conversation avec les autres joueurs.

Règle du 20 pour suivre : nous devons pouvoir faire 20 fois notre investissement après le flop.

En d’autres mots, si nous investissons 3 bb au pré-flop pour une chasse au brelan, nous avons besoin que le pot s’élève à au moins 60 bb après le flop.

Règle du 5-10 : nous ne devrions pas investir plus de 5 % de nos jetons pour une chasse au brelan, excepté dans des circonstances exceptionnelles où nous pourrions investir jusqu’à 10 %.

Nous parlerons des « circonstances exceptionnelles » plus tard. Ces règles sont néanmoins très similaires. Si nous investissons 5 bb au pré-flop avec environ 100 bb en jetons (c’est-à-dire 5 %), nous serons capables de gagner environ 20 fois notre investissement après le flop.

La cote implicite estimée

Il est facile de dire combien nous pouvons potentiellement gagner après le flop, c’est tout simplement lié à la hauteur des piles de jetons. Toutefois, il n’existe aucune formule pour calculer combien nous pouvons gagner en moyenne. Ces calculs seront basés sur des estimations qui prennent en compte votre adversaire et la cote implicite. Si vous n’êtes pas certain de votre cote implicite, le mieux est de vous en tenir à la règle du 20 pour suivre. Néanmoins, lorsque les situations montrent une très bonne cote implicite, cette règle du 20 pour suivre peut rapidement devenir une règle du 10 pour suivre.

Mais qu’est donc exactement la cote implicite? Et comment savoir si elle est bonne?

La cote implicite de la chasse au brelan : essentiellement, elle nous indique les chances que nous avons de gagner gros lorsque nous obtenons notre brelan.

Les situations suivantes sont des cas où nous bénéficierons probablement d’une excellente cote implicite.

Le vilain a une main forte : il est donc moins enclin à passer après le flop, au moment où notre main s’améliore.

Le vilain est agressif : il est du type qui aime énormément bluffer et peut éventuellement bluffer en relançant trois fois alors que nous avons notre main souhaitée.

Le vilain a beaucoup de jetons : plus le vilain a de jetons dans sa pile, plus nous pouvons en gagner.

Le vilain est un débutant : le vilain est peut-être du genre à ne pas laisser tomber une belle paire lorsqu’il en a une. C’est une belle façon d’ajouter de la valeur à nos brelans.

Cette liste peut aussi être inversée. Voici donc des situations où la cote implicite n’est pas aussi bonne que nous le souhaiterions.

Petite cote implicite : même en obtenant notre carte, nous ne gagnerons pas gros.

Le vilain a une main faible : l’éventail du vilain est large et il passera probablement au post-flop au lieu de nous payer lorsque nous obtiendrons notre brelan.

Le vilain est passif : le vilain est du genre à ne jamais essayer de bluffer et il ne fera jamais l’erreur de surestimer une deuxième meilleure main.

Le vilain n’a pas beaucoup de jetons : moins le vilain a de jetons dans sa pile, moins nous pouvons en gagner en obtenant notre carte.

Le vilain est un bon joueur : il sera plus susceptible de reconnaître la force de notre main et de passer au lieu de nous payer.

Situations avec une mauvaise cote implicite

La situation typique que les joueurs considèrent comme une chasse au brelan non rentable, même s’ils peuvent gagner 20 fois leur investissement pré-flop, est lorsque le BTN ouvre et que nous jouons en position SB avec une paire en main.

Parce que le BTN a un très vaste éventail, plusieurs joueurs ont l’impression qu’ils n’ont que peu de chance de gagner au post-flop lorsqu’ils auront réussi leur brelan. Ainsi, malgré des chances de gagner 20 fois leur investissement pré-flop de départ, plusieurs joueurs préféreront une sur-relancer (3 bet) ou passer.

Nous devons aussi prendre en compte le fait que le BB peut nous coincer avec un squeeze (un bluff sur le pré-flop). Si tel était le cas, nous devrons potentiellement abandonner notre main avant le flop, sans même avoir la chance de terminer notre brelan.

Ce principe peut aussi s’appliquer lorsque nous jouons en position MP (milieu de table) face à une ouverture d’un adversaire en position UTG. Plusieurs joueurs recommandent de ne chasser le brelan qu’avec des paires 77 ou plus. Si nous défendons toutes nos chasses au brelan peu importe notre paire en main en position MP contre une ouverture de UTG, les deux problèmes suivants affecteront notre cote implicite :

  1. Nous serons probablement coincés avec un bluff et nous ne verrons pas le flop, car 4 joueurs jouent après nous (en considérant une table de 6).
  2. Nous ferons probablement face à d’autres brelans et plusieurs contribueront au pot. Une petite paire ne pourra faire le poids.

Situations avec une bonne cote implicite

Les joueurs se demandent souvent :

Devrais-je chasser le brelan contre un une sur-relance (3 bet)?

Si nous supposons que les piles sont à 100 bb, cette situation n’est plus liée à la règle du 20 pour suivre. Cependant, nous devrions quand même être en mesure de chasser le brelan dans certains des cas. C’est le cas lorsque celui qui sur-relance a un très fort éventail, ce qui augmente les chances que notre brelan soit payé. Les deux principales situations sont :

  1. L’agresseur sur-relance contre une ouverture en début ou en milieu de table pour montrer que sa main est forte.
  2. L’historique de l’agresseur indique qu’il sur-relance uniquement avec une main forte.

Ainsi, dans ces scénarios, défendre une paire en main contre une sur-relance est probablement le choix approprié, à condition que :

  1. Les piles sont d’au moins 100 bb.
  2. Le montant de la sur-relance n’est pas trop élevé.

La cote implicite est aussi bonne lorsque le UTG ou le MP ouvre et que nous sommes le dernier à parler en position du BB. Voici pourquoi :

  1. Nous avons une meilleure cote directe implicite en position du BB.
  2. Nous n’avons pas à nous inquiéter de nous faire coincer par un bluff et nous verrons toujours le flop.
  3. L’UTG ou le MP ont généralement des éventails d’ouverture forts, ce qui signifie que nous pourrions gagner plus souvent au post-flop si nous obtenons notre carte.

Vision d’ensemble

La chose la plus importante à retenir est qu’alors que les mathématiques imposent des limites à notre chasse au brelan, la plupart de nos calculs ne sont valables que si nous évaluons bien nos adversaires.

Les règles du 20 pour suivre et du 5-10 ne devraient être utilisées qu’à titre indicatif. Lors de toute situation de chasse au brelan potentielle, il est important de bien évaluer nos adversaires et les bénéfices que nous pouvons obtenir de notre cote implicite.

About the Author
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Chad Holloway est un gagnant du bracelet 2013 de la World Series of Poker et le directeur des médias du Mid-States Poker Tour. Auparavant, il a passé six années à parcourir le monde en tant que rédacteur en chef et reporter en direct pour PokerNews. 

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