Savez-vous qu’une recherche rapide sur Google pour trouver une formation sur le poker (« poker training ») vous donne 741 000 résultats? Des vidéos ou des articles sur les stratégies, il y en a pour tous les goûts. Il y a pourtant très peu de variété. La plupart des formations sur le poker sont orientées vers trois des quatre principaux profils d’apprentissage : les visuels, les auditifs et ceux qui utilisent la lecture et l’écriture. Ce qu’il manque au niveau des options en ligne, du moins jusqu’à maintenant, c’est l’apprentissage kinesthésique.

Entre alors en scène le Poker Fighter, un logiciel de formation sur le poker de type pratique conçu par Guy Sela, programmeur et développeur du logiciel, et Stas « Stasia42 » Tishkevich, joueur de poker et qui est aussi le chef de produit. Moitié simulateur et moitié amusement, le Poker Fighter utilise une technologie de pointe qui donne la chance aux joueurs de jouer sans risques et de recevoir une rétroaction immédiate par des pros.

« Vous pouvez jouer, vous exercer et vous améliorer grâce à cet outil de formation en ligne qui simule de vraies parties payantes », nous indique leur site web, poker-fighter.com. « Le jeu a été développé pour offrir un meilleur accès au monde du poker à tous les joueurs, qu’ils soient novices ou expérimentés, qui veulent maximiser leurs gains et améliorer leur compréhension du jeu. »

Comment ça marche

Le Poker Fighter, présentement axé sur les parties en ligne à 0,05 $-0,10 $ et celles en direct à 1 $-2 $, est un simulateur qui guide l’utilisateur une main après l’autre, au travers des différents scénarios possibles au poker. Tout au long du jeu, l’utilisateur prend ses décisions selon ses habitudes et il reçoit ensuite des commentaires sur celles-ci. Toutefois, en ajoutant la possibilité d’acquérir des points, en introduisant des personnages et en permettant aux utilisateurs de « choisir un combat », le Poker Fighter a rendu ludique la formation sur le poker.

« La version actuelle “pour les nuls” enseigne les méthodes optimales de poker contre des opposants passifs et négligents qui ont tendance à trop souvent suivre, tant après qu’avant le flop », dit Tishkevich. « Ces joueurs limpent souvent au pré-flop et ne sur-relancent guère. Après le flop, ils restent passifs, ne relancent que rarement, ont tendance à suivre trop souvent pour voir l’abattage, etc. C’est pourquoi le Poker Fighter enseigne une approche plus conservative que les relances et sur-relances et la tendance à miser gros pour une faible valeur, tout en semi-bluffant sur les bons tirages. Voici le genre de choses que les joueurs peuvent espérer apprendre. »

Tishkevich continue : « Nous avons aussi une version ‘Pro’ qui enseigne une variété de situations plus large, dont comment profiter des joueurs agressifs et négligents en mettant de la pression sur ceux qui ont la possibilité de gagner la main. Le cerveau peut facilement s’adapter aux différents types d’adversaires en fonction de leur éventail de jeu et de leurs habitudes. »

Voici une courte vidéo qui explique comment le Poker Fighter fonctionne :

Les origines du Poker Fighter

En 2010, Sela, qui servait alors dans l’armée, eut l’idée de développer un logiciel de formation sur le poker. Essayant de maîtriser le jeu malgré le manque de ressources pour s’exercer au poker, Sela commença à sortir des sentiers battus, plus spécifiquement en créant une intelligence artificielle qui pourrait apprendre aux gens comment jouer. L’idée était simple : développer un logiciel d’I.A. qui s’adapte et offre une rétroaction sur vos décisions.

Pendant ce temps, Tishkevich faisait un tabac aux jeux en ligne à argent avec mises moyennes, particulièrement grâce à son amour pour les statistiques liées aux collimateurs de conduite (HUD) et à l’analyse mathématique des éventails. En 2013, le duo s’est rencontré et a décidé de développer le Poker Fighter. Toutefois, à l’époque, l’idée était d’offrir un logiciel sophistiqué orienté pour les pros avec des scénarios et des éventails de jeux avancés.

Deux ans plus tard, une version alpha de « Poker Fighter pour les Pros » est lancée. Alors qu’ils reçoivent des commentaires positifs de la part des pros, ils ont négligé les joueurs débutants et ceux qui ne jouent que pour le plaisir; ceux-ci se plaignent des scénarios et des explications trop techniques. Puisque les joueurs qui jouent pour le plaisir constituent la plus grande part de marché du poker, le duo s’est adapté.

« En simplifiant les scénarios et les explications, nous avons créé, au début de 2016, une version bêta de Poker Fighter “pour les nuls” et nous avons reçu de très bons commentaires de nos testeurs », dit Sela. « Nous avons investi temps et argent sur UX et UI et avons commencé une première campagne de marketing local. Ce mois-ci, nous prévoyons débuter une nouvelle stratégie marketing qui ciblera maintenant le reste du monde. »

Épreuves et dangers

Développer le Poker Fighter ne fut pas chose facile. Un des plus grands défis était de prendre en compte toute la complexité du jeu de poker et d’analyser tout les scénarios possibles afin de les reproduire dans un langage compréhensible pour les ordinateurs.

« Nous devions programmer des algorithmes d’I.A. pour donner au logiciel les compétences d’un joueur professionnel de poker afin de lui permettre de prendre les bonnes décisions en fonction de la qualité de sa main, de l’état des cartes sur la table, des mains possibles des adversaires etc. », dit Sela.

Alors que plusieurs pensent que les ordinateurs jouent mieux au poker que les humains, Sela et Tishkevich ont réalisé que ce n’était pas le cas puisque, la plupart du temps, les programmes ne réussissent pas à s’ajuster aux adversaires. Beaucoup de programmes ont tendance à ne fournir qu’une seule solution pour une main donnée, ce qui n’est évidemment pas toujours le cas. Par exemple, on devrait utiliser des stratégies particulières contre des joueurs qui bluffent trop souvent et jouer différemment contre des joueurs qui ne misent qu’avec de fortes mains.

Voici quelques décisions de poker qui ont été encodées dans le Poker Fighter :

  • La force relative d’une main avant et après le flop, en fonction des actions et de la position à la table.
  • Les éventails de mains en fonction des actions et de la position à la table.
  • Les compositions du tableau et leurs effets sur l’éventail des possibilités et les stratégies à adopter – le flop, le turn et le river.
  • Les stratégies pour des scénarios fréquents : isoler ceux qui ne misent sans cesse que le minimum, mettre de la pression sur les cartes effrayantes, etc.
  • * Les ajustements en fonction des différents types d’adversaires (discipliné/négligent, agressif/passif, qui passe/qui suit).

« Tout ce qui s’explique bien en mots peut être traduit en code informatique », explique Sela. « Il n’y a aucune exception. Certains concepts sont plus difficiles à coder que d’autres, mais c’est parce qu’ils sont aussi plus difficiles à expliquer aux humains. Comparons une vidéo explicative du NL à 1000 $ et une vidéo du NL à 10 $. Les explications et les analyses d’une main et des cartes sur la table du NL à 1000 $ seront beaucoup plus complexes. C’est la même chose pour coder ces différents niveaux de pensée. C’est faisable, mais plus difficile. »

La technologie derrière le Poker Fighter

Contrairement aux autres simulateurs, le Poker Fighter n’a pas de mains prédéterminées. En n’ayant pas de mains et de cartes du tableau programmées d’avance, avec une I.A. qui les génère alors que vous jouez, le Poker Fighter devient un jeu aux possibilités infinies. Tant qu’il y a différentes mains et scénarios possibles au poker - et il y en a des millions - il y a toujours plus à apprendre de Poker Fighter.

« Nous avons programmé son cerveau avec assez de compétences de poker pour qu’il puisse traiter avec tous les scénarios possibles que nous voulons enseigner », dit Sela. Le plus gros avantage qu’il a sur les autres logiciels de poker utilisant une I.A., c’est qu’il peut expliquer pourquoi il recommande une action donnée. Il n’agit pas comme une “boîte noire” qui ne fait que vous dire “vous auriez dû relancer”. Au lieu de cela, il vous dira exactement pourquoi vous auriez dû le faire. »

Puisqu’ils ne l’ont pas programmé pour résoudre toutes les possibilités qui peuvent survenir, l’I.A. de Poker Fighter n’est pas ce que les joueurs de poker appellent un bot. Pour ceux qui l’ignorent, un bot est un programme d’ordinateur qui joue sans intervention humaine (c’est comme jouer aux échec contre un ordinateur).

La méthode d’enseignement de Poker Fighter divise le jeu en groupes de scénarios : relance pré-flop, mises persistantes sur un tableau “wet” [riche en possibilités], défense sur le turn lorsque deux joueurs misent, etc. », continue Sela. Nous avons optimisé le cerveau de poker pour bien prendre en compte ces groupes de scenarios et n’avons pas codé les groupes que nous n’enseignons pas. Nous avons vraiment toutes les pièces pour que le Poker Fighter puisse faire la transition vers un bot de poker, si nous le désirons. »

Le « cerveau de poker » de Poker Fighter se détourne des stratégies traditionnelles du Game Theory Optimal (GTO) au profit de stratégies adaptatives. Sela et Tishkevich croient que ces dernières sont plus profitables lorsqu’on joue contre des humains.

« Le plus gros problème avec les stratégies GTO, c’est que, par définition, une stratégie GTO ne sera jamais adaptative », explique Sela. « Elle ne s’adapte jamais au jeu de l’adversaire. La raison derrière cela est que si vous changez votre stratégie en fonction de ce que vous avez vu du jeu de votre adversaire, l’adversaire peut changer sa façon de jouer juste avant que vous ne vous soyez adapté. »

Le problème est que le poker est un jeu qui se joue entre de vraies personnes, ce qui veut dire qu’il y a un facteur humain. Le Poker Fighter prend cela en compte.

« Appliquer une stratégie adaptative contre les humains, bien que son exploitation est théorique, sera la stratégie la plus profitable à la majorité des tables de poker », dit Sela. « Nous pouvons laisser les théoriciens du jeu chercher pour une stratégie imparable dans leurs tours d’ivoire, pendant que nous appliquerons notre stratégie adaptative dans les casinos. »

Des plans pour le futur

Le Poker Fighter est présentement un jeu par navigateur qui est compatible avec les tablettes et les ordinateurs de bureau. Toutefois, la technologie a été utilisée de manière à ce que la transition vers une application mobile soit aisée. En fait, une app est planifiée pour 2017.

De plus, les créateurs du Poker Fighter ont l’intention d’étendre le genre de parties offertes, en commençant par des tables payantes de 9 max., pour ensuite aller vers les combats face à face No-Limit Hold’em. Le Poker Fighter pourra aussi proposer, dans un avenir prochain, des simulateurs pour des tournois multi-tables et même des événements pot-limit Omaha.

« Notre cerveau de poker est très flexible, donc tout revient à écrire différentes stratégies, ce qui est plus un défi pour le chef de produit que pour les experts en codage », dit Tishkevich.

Vous pouvez jouer au Poker Fighter dès maintenant (aucun téléchargement requis) à l’adresse poker-fighter.com.

About the Author
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Chad Holloway est un gagnant du bracelet 2013 de la World Series of Poker et le directeur des médias du Mid-States Poker Tour. Auparavant, il a passé six années à parcourir le monde en tant que rédacteur en chef et reporter en direct pour PokerNews. 

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