Gagner au poker grâce à ses compétences en affaires

Neil Blumenfield, 3e place au Main Event du WSOP 2015, explique que vos compétences en affaires peuvent vous aider à remporter des tournois de poker.
January 22 2016
Neil Blumenfield, qui a terminé en 3e place lors de la World Series of Poker 2015, sait ce qu’est subir de la pression. Il travaille depuis des années dans le domaine des technologies logicielles, un secteur où la concurrence est féroce. L’un des trois professionnels de Team888 à s’être rendu à la table finale du Main Event 2015, l’ancien homme d’affaires entreprend aujourd’hui une nouvelle carrière en tant que joueur de poker professionnel.

Lors de mon entrevue postélimination après avoir terminé en 3e place au Main Event de la WSOP 2015, j’ai répondu à une question en soulignant les similitudes entre les nouvelles entreprises informatiques et les tournois de poker. Les deux domaines ont leur lot de variation. Seuls 10 % des joueurs gagnent de l’argent. Et seuls 1 ou 2 % des joueurs gagnent des sommes importantes. J’aimais bien cette analogie.

En y réfléchissant davantage, non seulement les similitudes sont frappantes, mais les compétences nécessaires et apprises dans ces deux domaines se chevauchent. Certains joueurs ont raconté ce que le poker leur a appris au sujet des affaires. Mon expérience est en sens contraire : travailler dans le monde des affaires pendant plus de 30 ans m’a permis de devenir un bien meilleur joueur de poker.

J’ai connu un changement de carrière plutôt involontaire et tout à fait fortuit peu après mon 61e anniversaire. Dans les deux semaines entre mon premier voyage à Las Vegas de 2015 pour participer à la WSOP lors de la première moitié de juin et le Main Event en début juillet, j’ai été mis à pied de mon emploi dans le secteur des technologies. Mon entreprise de logiciels en démarrage avait été acquise par Intuit deux années auparavant et mes fonctions touchaient à leur fin.

Bien que je n’ai pas été surpris outre mesure, je me retrouvais avec peu de bonnes options pour gagner ma vie. Comme je m’en suis rendu compte, de nombreuses compétences qui m’ont permis de réussir au sein d’entreprises technologiques en démarrage allaient m’aider à gagner aux tables de poker.

Ayez un plan de match

Ayez un plan de match

Il faut avoir une vision pour faire grandir des entreprises en démarrage. Chaque entreprise recherche le visionnaire qui pourra leur révéler les tendances du marché, déterminer ce que les clients achèteront et, dans de rares situations, créer de tout nouveaux marchés (pensez à Oracle, Google, Facebook ou Uber). Une fois qu’il dispose d’une vision à long terme, l’entrepreneur qui réussit prend du recul et élabore un plan de match pour mettre en œuvre sa stratégie.

Ce plan doit prévoir une bonne marge de manœuvre pour permettre de surmonter les évènements imprévus ou les malchances qui nuisent à la stratégie. Cette description commence à ressemble beaucoup à un tournoi de poker. Dans le monde des affaires, il faut soit utiliser les forces que l’on possède déjà lorsque l’on se lance ou faire les efforts nécessaires pour remplacer ses faiblesses par des forces. Les forces peuvent être obtenues au moyen de formation, d’embauches ou d’acquisitions. Vous devez aussi continuellement adapter et perfectionner votre stratégie pour tenir compte des changements internes et externes et des nouvelles données.

Lors d’un tournoi de poker, vous devez là aussi commencer par préparer un plan de match. Au fur et à mesure qu’un tournoi se déroule, vous devez vous adapter aux changements de taille de pile, des rapports entre joueurs et des situations de tournoi, y compris l’ICM, ou Independent Chip Model (modèle de jeton indépendant), qui sert à déterminer la valeur en argent de votre pile de jetons au fur et à mesure que vous progressez vers les places qui rapportent de l’argent et lorsque vous les atteignez. Même lors d’une même main (tout comme lors d’une occasion de vente auprès d’un client), vous devez vous adapter au fur et à mesure que vous obtenez des informations et évaluer de nouveau votre plan de jeu à chaque tour.

Quiconque participe à un tournoi de poker sans plan de match pour réussir s’appuie uniquement sur la chance pour gagner. Cela devient de plus en plus vrai au fur et à mesure que vous progressez dans un grand tournoi. Lors de ma préparation pour la table finale du Main Event, mes mentors et moi nous sommes concentrés sur une stratégie consistant à analyser et à choisir des moments où je pourrais effectuer des surrelances ou des sursurrelances pré-flop lorsque les joueurs ayant ouvert (relance initiale) ou effectué une relance (surrelance) auraient beaucoup de difficulté à suivre.

Cette stratégie était parfaite pour mes compétences, car je détecte facilement ce genre d’occasions. Elle était également peu risquée, car je pouvais remporter une bonne quantité de jetons sans trop risquer les miens. Et si un autre joueur venait à renchérir (sursurrelance contre ma surrelance ou une autre relance à ma sursurrelance), je pouvais généralement passer facilement et jouer la prochaine main sans que ma pile ait trop fondu. Mais même une stratégie aussi simple que celle-ci nécessite un plan d’action général et des tactiques précises.

De manière générale, que faire si cette stratégie échoue après à peine trois tentatives? Comment puis-je m’ajuster lorsque les autres joueurs auront compris ce que je fais? (La table finale de la WSOP est diffusée « en direct » sur ESPN avec un décalage de 30 minutes. Chaque jeu que je faisais pouvait donc être connu des autres joueurs 30 minutes plus tard.) Et lors d’une main en particulier, que faire si quelqu’un effectue une relance ou se met all-in? Comment agir si un joueur suit? Dans les faits, lors de la première journée de la table finale, tous les moments que j’ai repérés ont porté fruit. J’ai effectué plus de surrelances que tous les autres joueurs et je n’ai perdu qu’une seule main après avoir effectué une surrelance ou une sursurrelance. Malgré tout, il a fallu réévaluer la stratégie pour la deuxième journée, car nous disposions de beaucoup de nouvelles données sur mes décisions et la façon dont les autres joueurs ont joué.

Le secret de la réussite, cependant, était d’avoir une vision claire de la façon dont la soirée allait se dérouler, de déterminer les tactiques qui permettraient d’exécuter la stratégie et de prévoir une certaine souplesse raisonnable permettant de surmonter les évènements imprévus ou néfastes et de tenir compte de nouveaux renseignements.

Recrutez les meilleurs

Recrutez les meilleurs

En affaires, quand j’embauche, j’essaie toujours de trouver des personnes qui pourraient me remplacer et qui ont des compétences complémentaires aux miennes. Si je dirige des services professionnels, je veux des directeurs régionaux qui peuvent faire ce que je peux faire, préférablement mieux. Si ce n’est pas encore le cas, ce le sera certainement dans l’avenir. De la même manière, si je suis moins compétent en marketing, j’ai besoin d’un champion du marketing. Toutefois, il est tout aussi important de ne jamais recruter de diva. Je veux des personnes ambitieuses et talentueuses, mais qui savent vraiment travailler en équipe.

J’ai eu le privilège de mettre sur pied une équipe de mentorat d’élite qui a travaillé avec moi de juillet à novembre. Cette équipe était dirigée par Amir Lehavot, qui a terminé troisième au Main Event 2013. J’avais rencontré Amir quelques années plus tôt, en jouant au poker, et nous avions développé une certaine amitié. Ainsi, lorsque j’ai été mis à pied par Intuit deux semaines avant le Main Event, j’ai téléphoné à Amir pour discuter de mentorat afin de devenir professionnel.

Nous nous sommes rencontrés le deuxième jour du Main Event, à un moment où je ne me faisais aucune idée sur mes chances de remporter un gros montant. Amir, qui est doux, mais honnête et extrêmement analytique, a dressé un portrait très sombre des tournois professionnels de poker et de la variance très élevée même pour l’élite des joueurs (et je ne faisais certainement pas partie de cette catégorie). Nous avons donc ajourné la discussion, mais avons gardé le contact au cours des sept jours de juillet. Lorsque je me suis rendu à la table finale, Amir était le choix évident comme mentor. Il était très compétent dans ce qui me faisait le plus défaut, soit le côté mathématique et analytique du jeu.

Nous avons préparé la simulation de deux tables finales avec des joueurs professionnels jouant le rôle des huit autres joueurs. Nous avons effectué autant de recherche que possible sur les huit autres joueurs, examinant toute l’historique des mains disponible, et Amir a mis sur pied une équipe incroyable pour les simulations. Nous avons collaboré avec certaines des mêmes personnes avec lesquelles Amir avait travaillé dans les simulations qu’il a effectuées en 2013. Ryan Welch, Matt Stout, Brent Hanks, James Carroll et quelques personnes comme Justin Young, Ben Palmer, Mike Benvonuti, Brendon Myers et le formidable Tom Marchese. Je ne pourrais imaginer une meilleure équipe (bien que Cal Anderson, le mentor de Joe McKeehen et Fedor Holz auraient été de bons compléments).

Lorsque nous avons entamé la première simulation au début du mois d’octobre, je croyais mon jeu plutôt bien poli. J’avais une grande confiance après avoir passé près de six bonnes semaines avec Amir. Mais j’étais impressionné par les joueurs autour de la table, et c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles j’ai commis trois grosses erreurs dans la première heure de jeu. Mais ce ne sont pas que de grands joueurs; ils sont également de formidables personnes et d’excellents enseignants. Ils ont fait preuve de patience envers moi, et, lorsque nous nous sommes de nouveau réunis à la fin octobre, mon jeu s’était grandement amélioré.

La semaine précédant la table finale, j’ai passé une autre longue journée avec Matt Stout et Tom Marchese, me concentrant principalement sur l’ICM et le jeu contre moins d’adversaires. À la fin de cette journée, je me suis senti, pour la première fois, prêt pour la table finale. Sans le travail que j’ai accompli avec Amir et ces personnes, je n’aurais jamais obtenu de si bons résultats. Et je me suis fait des amis pour la vie.

Les ajustements font partie du jeu

Les ajustements font partie du jeu

En 1996, Visigenic, une entreprise en démarrage dont je faisais partie, a fait son entrée sur le marché boursier. Ce qui était étonnant dans tout ça est que le produit qui a mené à ce premier appel public à l’épargne n’avait rien à voir avec le produit ou les plans initiaux de l’entreprise. Nous avions commencé à concevoir une interface visuelle pour le développement d’applications et avions fini par créer une plateforme qui permettrait à cette interface d’accéder à des données. Avant le tout premier client, nous avons réorienté l’entreprise pour nous pencher sur cette technologie d’accès aux données (ODBC, pour les curieux). Bien que ce premier appel public à l’épargne ait généré un certain revenu, il a été motivé par l’acquisition d’une entreprise qui détenait une technologie entièrement différente qui facilitait le développement d’applications distribuées (CORBA). Cette dernière a engendré une autre réorientation basée sur de nouvelles données dans le but de mener au même objectif par un chemin entièrement différent.

Au premier jour à la table finale, je n’ai pas eu besoin d’apporter d’ajustements majeurs à ma stratégie de départ, mais j’ai quand même dû réévaluer et diversifier continuellement mon approche pour éviter de devenir prévisible. Je ne l’ai probablement pas fait de manière optimale le troisième jour de la table finale. Josh et Joe m’avaient vu effectuer une surrelance avec une main faible; quand je l’ai fait contre Josh avec A-7 de cœur, il a donc sursurrelancé all-in, sachant que, particulièrement à trois joueurs, l’éventail de ma surrelance serait grand. J’ai dû passer pour une main dans laquelle j’étais en tête. (Il avait K-J)

Il aurait été préférable d’ajuster et de faire une surrelance all-in afin d’empêcher cette tactique. Dans n’importe quel tournoi, si je joue à une table très serrée où les joueurs n’équilibrent pas très bien leurs éventails et prennent rarement des risques, j’adopte une stratégie conçue pour exploiter ces tendances. Mais si je passe ensuite à une table de joueurs très analytiques qui ont beaucoup d’expérience et de succès en ligne, je dois ajuster considérablement ma stratégie pour gérer une nouvelle situation, de nouvelles données et de nouvelles occasions.

Pourrais-je effectuer des ajustements semblables sans avoir traversé des situations parallèles en entreprise? Peut-être, mais mes antécédents en entreprise en démarrage rendent ces ajustements presque instinctifs.

Il faut prendre des risques (calculés) pour réussir

Il faut prendre des risques (calculés) pour réussir

Bien que certaines entreprises de logiciels connaissent du succès en améliorant des concepts éprouvés, les grands gagnants prennent de gros risques dans des marchés jusqu’alors inconnus ou incertains. J’ai connu mes véritables débuts en logiciels avec Informix (alors Relational Database Systems, RDS) en 1983. Quelques autres entreprises avaient commencé à ventre des systèmes de bases de données relationnelles commerciaux (Ingres, Oracle, Unify), mais lorsque nous avons présenté notre produit aux clients en 1983‑1984, la première diapositive disait « Qu’est-ce qu’un système de bases de données relationnelles? » Cette diapositive a été retirée quelques années plus tard, mais nous misions à l’époque sur une nouvelle technologie.

De plus, Informix a fait deux autres paris : que les micro-ordinateurs se rependraient et qu’UNIX serait le système d’exploitation exécuté sur ces machines. Oracle et Ingres utilisaient des machines VAX plus grosses et plus répandues sur le marché exécutant VMS. C’était l’ère du PC avant IBM, et l’industrie du micro-ordinateur était un amalgame de dizaines de fabricants, dont aucun n’était (ou n’est) bien connu. UNIX était bien connu du monde universitaire (conçu en grande partie à UC Berkeley), mais n’avait pas été éprouvé en entreprise. Nous avons donc pris non pas un, mais bien trois gros risques. Si n’importe lequel des trois avait mal tourné, Informix aurait échouée. Mais nous avons remporté nos trois mises, et Informix est entrée en bourse en 1986 et, ultérieurement, avec une valeur en bourse de plusieurs milliards de dollars.

Dans un tournoi de poker, il faut prendre des risques. Il est simplement impossible de réussir en attendant une paire d’as ou en risquant des jetons seulement lorsqu’on détient la meilleure main. Vous devez évaluer et réévaluer votre marché (la table) et utiliser des techniques comme le bluff et la mise de valeur faible. Mais vous ne pouvez pas le faire au hasard. Vous devez bien connaître votre marché au départ et comprendre les risques susceptibles de payer. Dans des tournois plus lents et de plus grande envergure, vous pouvez faire preuve d’un peu plus de patience et attendre des « créneaux ». Mais même au Main Event du WSOP, avec 30 000 jetons de départ et une structure lente à échelons de deux heures, si vous jouez uniquement des mains de qualité, votre pile diminuera à vue d’œil et vous finirez par être éliminé en allant all-in avec une paire de dames contre une paire d’as ou avec une paire max, kicker max contre un brelan.

Dans des tournois plus rapides comme les tournois quotidiens à échelons de 20 minutes, vous devez prendre encore plus de risques tout en exploitant le joueur typique qui ne passe jamais sur une paire max et déteste passer une main K-10 ou un as à une relance pré-flop.

Vous devez comprendre votre client et la concurrence

Vous devez comprendre votre client et la concurrence

En affaires, vous devez connaître les besoins et les motivations de vos clients :

  • recherchent-ils l’innovation ou une valeur sûre?
  • Sont-ils sensibles au prix?
  • Sont-ils prêts à assumer des risques importants pour gagner gros?
  • Cherchent-ils à faire progresser leur carrière ou uniquement à éviter d’être renvoyés?

Je me rappelle une rencontre avec un client chez Informix où nous discutions des besoins du client et de la convenance du produit. Après environ une heure, le vice-président aux ventes, qui était le meilleur vendeur avec qui j’ai jamais travaillé, a demandé une pause et entraîné notre équipe vers une autre pièce pour discuter de la proposition que vous voulions présenter. Il m’a demandé à moi, le responsable des ventes techniques, ce que je pensais, et je lui ai expliqué que je comprenais ce dont le client avait besoin et l’offre à proposer, soit aux alentours de 150 000 $. Le vice-président a répondu qu’il croyait que le client voulait une solution beaucoup plus poussée qu’il ne l’avait indiqué et a proposé au client une offre d’une valeur de plus de 250 000 $ que le client a rapidement acceptée. Il avait bien mieux cerné le client que moi. Je suis aujourd’hui encore fasciné par ce moment.

Lors de tournois, les mêmes besoins et désirs humains entrent en jeu :

  • Les autres joueurs cherchent-ils seulement à obtenir une place payante?
  • Sont-ils réticents à prendre des risques?
  • Sont-ils téméraires?
  • Sont-ils incapables de passer alors qu’ils ont une paire max lorsque le tableau est très dangereux?

Bien que les signaux physiques puissent parfois être utiles pour déterminer comment jouer une main, les besoins et désirs généraux des autres joueurs s’avèrent de bien meilleurs indices.

Les efforts que nous avons mis à analyser les autres joueurs de la table finale ont été essentiels pour déterminer notre plan de match. Nous savions que Joe McKeehen était capable de prendre des décisions difficiles et de suivre au river avec des mains moyennes. L’objectif était donc d’éviter de tenter un bluff au river contre lui à moins d’être terriblement convaincant. (Je n’ai pas respecté cette règle au troisième jour en jouant Q-8!)

Nous nous attendions à ce que Pierre joue très prudemment et ne transforme pas une main moyenne en bluff au river. Lorsque j’ai obtenu un full lors d’une main contre lui lors de la deuxième journée, j’ai misé au river plutôt que de faire un check pour le pousser à bluffer alors que le tableau était très dangereux. Si j’avais joué la même main contre Max, Zvi ou Josh, j’aurais fais check au river, car j’avais restreint mon éventail de main en faisant un check lorsqu’une paire est apparue au turn, tandis que la troisième carte de pique apparue au river rendait le tableau très dangereux pour une main de forte paire. Zvi, Max ou Josh auraient été beaucoup plus susceptibles de miser à ce river avec n’importe quelle main pour me pousser à abandonner une paire max (des rois) ou la paire supérieure (AA).

Il faut mettre le temps nécessaire

Il faut mettre le temps nécessaire

L’une des tendances qui m’a désillusionné du monde des entreprises de logiciels en démarrage est leur tendance de plus en plus fréquente à chercher à réaliser des gains importants rapidement sans se soucier de bâtir une véritable entreprise ou de développer une clientèle durable. Cette approche ne m’intéresse pas. Je trouve plus stimulant de bâtir une entreprise durable qui s’appuie sur des employés formidables, de véritables technologies et des clients fidèles. Dans ce secteur, il faut viser le long terme et être suffisamment souples pour surmonter les obstacles à court terme, qui sont inévitables.

Lors de tournois, votre niveau de jeu doit rester constant. Vous connaîtrez des « bad beats ». Si vous n’avez jamais perdu contre un joueur qui n’avait que deux outs, c’est que vous n’avez pas beaucoup joué. Vous ne pouvez pas vous laisser emporter. Vous ne pouvez pas vous permettre un « tilt ». Vous devez réévaluer votre pile et votre place à la table et dans le tournoi, changer de tactique et aller de l’avant. Bien qu’il soit facile de dire d’éviter un tilt, tous les joueurs en ont déjà subi un et pris de mauvaises décisions par la suite.

Il n’y a rien de plus démoralisant que de suivre un mauvais joueur qui se met all-in alors que l’on possède la meilleure main pour le voir remporter la main après qu’un de ses trois outs ait été tiré. Vous étiez après tout assuré de gagner à 10 contre 1.

Vous devez donc garder trois choses à l’esprit :

  1. Vous avez bien joué votre main. Vous n’auriez rien pu faire de mieux.
  2. Si vous êtes favori à 10 contre 1 lors de 11 mains, vous perdrez l’une de ces mains statistiquement parlant. C’est le jeu auquel nous jouons.
  3. Vous voulez que ce joueur joue de cette façon. Un tel jeu est rentable (ou EV+) et, à long terme, vous en ressortez gagnant.

    Vous voulez que le joueur qui s’appuie sur la chance et le hasard joue gros. Vous gagnez votre vie grâce à des types du genre. Si vous cherchez un jeu où la chance ne joue aucun rôle, ce mauvais joueur ne jouera pas (du moins, pas très longtemps). Jouez plutôt aux échecs.

Vous devez faire vos devoirs

Vous devez faire vos devoirs

Peu importe le succès que vous avez déjà connu, vous ne pouvez pas continuer à réussir dans le domaine des logiciels sans rester à jour et vous adapter au changement. Le secteur et la technologie évoluent à toute allure. Vous devez écouter les gens brillants. Vous devez vous informer constamment sur le marché et repérer les changements.

J’ai vu des entrepreneurs accomplis tenter continuellement de s’appuyer sur leurs réussites de la décennie précédente. Bien que cette expérience soit instructive, il est essentiel de comprendre que tout a changé. Ce qui réussissait il y a dix ans, voire même l’an dernier, pourrait n’avoir que peu d’incidence sur le marché actuel en pleine mutation.

Les joueurs de poker doivent également demeurer à jour. On peut nommer des dizaines de professionnels qui ont connu le succès avant l’arrivée du poker en ligne. Ils n’ont cependant pas su s’adapter aux changements majeurs apportés par les joueurs en ligne et les quantités massives de données qu’ils utilisent pour développer de nouvelles stratégies et tactiques.

Il y a vingt ans, on jouait au poker en suivant surtout ses impressions et son instinct. De nos jours, les stratégies s’appuient sur les mathématiques et la théorie des jeux. Ceux qui s’intéressent au poker peuvent consulter des centaines de livres et de vidéos d’excellente qualité pour apprendre à jouer. Si vous ne faites pas d’effort pour améliorer et adapter votre jeu, vous n’arriverez à rien. En travaillant avec des professionnels comme Amir Lehavot, Matt Stout, Ryan Welch et Tom Marchese, j’ai été impressionné à la fois par leur connaissance du poker, mais également par leur éthique de travail. Ils passent autant de temps à étudier le jeu hors de la table qu’à jouer, et leurs victoires constantes en témoignent.

Ma carrière dans le monde des affaires a débouché sur de nombreuses réussites, peu importe comment on définit ce terme. Mais cette expérience m’a aussi préparé à ma nouvelle carrière de joueur de poker.

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Neil Blumenfield a été remarqué par le monde du poker pour la première fois lors des 2015 World Series of Poker Main Event. Il a terminé à la 3e place de l'événement, remportant la somme rondelette de 3 398 298 $. Peu de temps avant cette victoire, il avait été licencié de son travail après le rachat par Intuit de la start-up de développement logiciel dans lequel il travaillait. Neil a ainsi pu se concentrer sur le poker, et en faire son métier à temps plein.

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